Exhibition | Fragonard: Un Provençal aux Pays-Bas
Now on view at the Villa-Musée Fragonard:
Fragonard: Un Provençal aux Pays-Bas
Villa-Musée Jean-Honoré Fragonard, Grasse, 1 July — 30 September 2016
Grasse et Fragonard, l’association semble évidente et pourtant la réalité est plus complexe. Certes Jean-Honoré Fragonard naît à Grasse en 1732 dans une famille modeste d’ouvriers gantiers, cet artisanat grassois qui, depuis le XVIIe siècle, accompagne et est aussi pour partie à l’origine du développement de l’activité liée au parfum dans la ville. Mais dès ses six ans, en 1738, toute la famille quitte la ville pour s’installer à Paris. Par la suite nous n’avons ni témoignages ni documents écrits qui pourraient faire supposer un retour ou un séjour du peintre dans sa ville natale. Cela jusqu’en février 1790, où Alexandre Maubert, son cousin, consigne, avec précision dans son livre de compte, un loyer mensuel que Fragonard lui verse pour loger avec sa femme et sa belle-soeur, Marguerite Gérard, dans sa bastide à un jet de pierre de l’entrée de Grasse. L’année suivante les Fragonard retournent à Paris, leur présence est confirmée dans la capitale en août 1793 par un document bancaire. Rien n’établit ensuite que le peintre revienne à Grasse. Il meurt le 22 août 1806 après une promenade sur le Champs de Mars à Paris. Six ans puis une grosse année : certes deux périodes cruciales dans la vie du peintre, mais c’est au final assez peu.
Ajoutons à cela la théorie, paradoxalement uniquement défendue localement, avec aplomb, depuis les années 1980, que les travaux de décoration de la cage d’escalier de la Villa Maubert n’étaient pas de la main de Jean-Honoré mais de son fils, le musée Fragonard rebaptisé Musée d’Art et d’Histoire de Provence en 1977, de trop rares expositions consacrées au peintre, une en 1957, une autre en 2006, voilà que progressivement semble s’éloigner la présence du peintre à Grasse. Pourtant la Villa Maubert, transformée en Villa Musée Fragonard par la ville, conserve un trésor. En ses murs ce sont les derniers feux créateurs du peintre en cette fin du XVIIIe siècle que l’on peut encore admirer aujourd’hui. Ce patrimoine, dont l’histoire est complexe et mal documentée, est unique et original, il justifie pleinement de mettre en lumière Jean- Honoré Fragonard dans la capitale des parfums.
Avec cette première exposition d’été, Un Provencal aux Pays-Bas, c’est ce que les musées de Grasse veulent réaffirmer en s’efforçant d’initier un nouveau cycle de travaux et de recherches consacré à cet enfant du pays grassois.
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The catalogue is available from Artbooks.com:
Marie-Anne Dupuy-Vachey, Fragonard: Un Provençal aux Pays-Bas (Milan: Silvana, 2016), 32 pages, ISBN: 978-8836633388, $23.
Né à Grasse en 1732, à quelques lieues de la frontière italienne, Fragonard ne pouvait qu’être séduit par les paysages méditerranéens comme ses deux séjours dans la péninsule en témoignent. Mais le peintre a aussi exploré des territoires plus septentrionaux. A l’instar des amateurs de son temps, Fragonard fut très attiré par la peinture flamande et hollandaise du XVIIème siècle. Tout au long de sa carrière il entretint un dialogue fructueux avec les maîtres du passé, étudiant et copiant les toiles de Rembrandt et de Rubens, les paysages de Ruysdael. Il en vint même à absorber leur style et leur technique au point de les pasticher tout en restant lui-même. Cette pratique fut stimulée par des voyages, dont un documenté en 1773, qui le mena de Paris à Amsterdam en passant par Bruxelles, Malines, Anvers et La Haye. Les collections de la ville de Grasse, complétées par des prêts de collections publiques et privées, offrent l’occasion de se pencher sur cet aspect moins connu de l’auteur du Verrou et des Hasards heureux de l’escarpolette.
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